Conférence du mathématicien Cédric Villani au lycée français de Dakar
Un chercheur qui a du style
Portant la tenue vestimentaire – costume trois pièces, lavallière et montre à gousset – qui fait aussi son originalité, Cédric Villani, aujourd’hui professeur à l'université de Lyon 1 et directeur de l'Institut Henri-Poincaré à Paris, a d’abord détaillé son parcours puis expliqué l'équation de Boltzmann. Il a montré comment la curiosité et le recoupement des connaissances lui avaient permis de faire des liens entre deux de ses domaines de prédilection, la cinétique des gaz et le transport optimal.
« Le grand mathématicien n'est pas celui qui est plus rigoureux, c'est celui qui voit plus loin » a-t-il souligné. Si le papier et le stylo restent « des outils traditionnels qui permettent de prolonger la réflexion » et si le mathématicien ne peut faire l'économie des longues heures passées à résoudre des équations, Cédric Villani a cependant insisté sur l'importance d'une vie sociale dans la vie d'un chercheur.
« Vous pouvez avoir le cerveau le plus puissant du monde, si vous restez toujours sur votre problème, ce n'est pas ça qui fera avancer les choses », a-t-il confié aux élèves médusés. Il a ainsi expliqué qu'il avait trouvé « par hasard », un de ses premiers résultats importants sur le transport optimal, après avoir établi un lien entre une conférence entendue un jour et lu un cours sans rapport immédiat un autre jour.
En visite au Sénégal pour dispenser des cours aux 34 étudiants de l'Institut africain des sciences mathématiques, Cédric Villani a estimé, non sans humour, que « devenir un chercheur n'était pas quelque chose de désagréable ». « La petite frustration qui va avec la recherche (...) est un élément moteur, le fait de ne pas être satisfait de ce qu'on fait, fait avancer dans la vie », a-t-il expliqué.
Ce passionné de BD, qui a espéré que ses jeunes auditeurs soient de futurs scientifiques « dont nous avons tant besoin », a aussi prôné le travail, la rigueur et la répétition : « Je crois beaucoup au pouvoir des exercices, les exercices permettent d'explorer de nouvelles choses, de comprendre le cours et d'assurer les bases ».
Cédric Villani ayant aiguisé la curiosité de son public, le débat qui a suivi la conférence a été riche en questions. Philippe Lagier, proviseur du lycée Mermoz, et toute l’équipe pédagogique ne doutent pas que cet événement exceptionnel restera gravé dans la mémoire de leurs élèves et qu’il aura suscité des vocations scientifiques.
Cette conférence a été organisée par le lycée français Jean-Mermoz de Dakar en collaboration avec le service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Sénégal, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Institut africain des sciences mathématiques (AIMS).